Le cheval est un herbivore et, à l'état
naturel, passe la plupart de son temps à brouter. Petit et fragile,
son estomac est parmi l'un des plus simple chez les herbivores. Le cheval ne
rumine pas et ne vomit pas : certains muscles situés à l'entrée de son estomac
le lui interdisent (voir le système digestif). Son appareil digestif
extrait la matière nutritive des plantes fibreuses grâce à son très long colon.
La cellulose, principale composante des fourrages, est dirigée dans le colon
par une bactérie qui fournit des hydrates de carbones solubles, des acides gras
et des acides aminés au cheval à partir de la cellulose qu’il a mâché. S’il
n’en ingère pas assez pour que le colon reste plein, il peut avoir des
coliques.
Comme tous les animaux, le cheval
a besoin d'une alimentation diversifiée, équilibrée, adaptée à
son activité, à son âge et à sa taille.
L'herbe,
le fourrage frais du cheval : |
Ø
L'herbe est l'aliment le plus naturel, et le
préféré du cheval. Il
est fait pour la consommer, pourtant, elle est parfois trop riche pour lui, et
parfois aussi, insuffisante pour le nourrir. En effet, l’herbe change de
valeur nutritionnelle selon les saisons. Elle est plus nutritive au début de
l’été, juste avant la floraison, au printemps elle contient beaucoup d’eau et
en hiver, elle est presque aussi sèche que le foin. ü L’herbe est une flore composée de multiples essences
végétales, il n’y a donc pas une herbe mais un mélange de diverses plantes
herbacées : Le cheval
consomme les graminées, caractérisées par des longues feuilles
fines, à nervures parallèles, formant un épi (comme le blé), et les
légumineuses dont les racines contiennent une bactérie produisant un
engrais naturel à partir de l’azote de l’air. Les graminées les plus
appréciées par le cheval sont le ray-grass, la fléole, le dactyle, la fétuque
élevée. Les légumineuses les plus appréciées par le cheval sont le lotier et
le trèfle blanc (voir les
plantes comestibles) La
majorité des autres plantes sont peu ou pas appréciées des équidés qui les
délaissent soigneusement. Elles constituent ce qu’on appelle les
« refus », c’est-à-dire les touffes d’herbes que le cheval refuse
de manger même lorsque le pré est à ras. Avec leur mère, les poulains
apprennent à éviter ces herbes à leur odeur ou à leur goût. Cet apprentissage
est fort utile car il permet aux jeunes chevaux de ne pas consommer de plantes
toxiques (voir plantes
toxiques). La
composition de la flore herbacée varie selon les régions, en
fonction du climat, de la qualité du sol, de son acidité, de son humidité et
de la teneur en calcaire. D’une manière générale, une bonne herbe contient
70% de graminées, 20% de légumineuses et 10% de plantes diverses (pissenlit,
plantain...). La proportion de légumineuse, en général du trèfle, ne doit pas
être trop élevé car ingéré en grande quantité et régulièrement, il provoque
des problèmes de foie. ü S’il est indéniable que l’herbe constitue l’aliment idéal du
cheval puisque ce dernier est un herbivore, elle
présente l’inconvénient d’être d’une très grande irrégularité sur le plan de
ses qualités nutritives. Au
printemps, l’herbe est jeune : elle est trop riche en protéines, en eau
et en potassium, en revanche, elle manque de fibres, de sucres et de sodium.
Cette herbe trop grasse est responsable des diarrhées dites de mise à l’herbe
chez les chevaux mis trop brutalement au pré. Elle peut également déclenchée
des fourbures chez les chevaux gourmands. L’été, le manque d’eau brûle
l’herbe t ralentit sa pousse. Une fois vieillie, elle devient trop riche en
fibres et donc peu digeste. Les pluies d’automnes relancent la pousse de
l’herbe et le risque de suralimentation. Enfin, l’hiver gèle les prés et les
rendent peu propices au pâturage. Selon les saisons, il faut donc rationner
un peu les chevaux ou au contraire, les supplémenter en foin ou en aliments
complémentaires. La valeur
nutritionnelle de l’herbe est également liée à sa composition botanique puisque
les différentes espèces de graminées ou de légumineuses ont des valeurs
nutritionnelles différentes. On considère que la meilleure herbe fait une
hauteur de 15 à 20 cm pour les graminées, mais à ce stade là, l’herbe
présente des déficits en minéraux et oligo-éléments. ü Malgré la grande variabilité de sa composition, l’herbe
possède un intérêt majeur pour l’équilibre mental et physiologique du cheval. Au pré, le
cheval retrouve un emploi du temps qui correspond à celui prévu par ses gènes.
Il passe en effet treize à quinze heures par jour à brouter, ce qui lui
permet de couvrir à la fois ses besoins nutritionnels, mais aussi
comportementaux. (un cheval au box ne consacre que six à sept heures par jour
à s’alimenter s’il reçoit du foin en quantité, et à peine une heure si sa
ration ne contient que des granulés... il est donc vivement recommander
d’emmener son cheval brouter une heure ou deux lorsqu’on en a la
possibilité). L’autre
point fort de l’herbe est sa richesse en fibres. Elle en
contient deux fois plus que l’avoine et cinq fois plus que l’orge. Cette
abondance de cellulose contraint le cheval à mastiquer longuement et à
saliver abondamment. Si ces fibres présentent l’inconvénient de ne pas
pouvoir être digérées en intégralité, elles ont en revanche l’avantage
d’avoir un effet de lest sur la ration : elle stimule l’activité du
tube digestif et donc améliore la digestion. Elle contribue également à
la prévention les coliques. Toutes ces activités de cueillette de l’herbe,
de mastication puis de lente digestion contribuent à tranquilliser le
cheval. C’est pourquoi les séjours au pré ont un effet détressant sur les
chevaux nerveux. |
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Les aliments sont classés en deux
grandes familles : |
Ø
Les fourrages stockés ou séchés : ü Le foin est composé d'herbes coupées et séchées
qui proviennent de prairies naturelles ou artificielles (hautes herbes dont
luzerne, trèfle...). un bon foin est un foin croquant, souple, qui sent bon
et dont la couleur est brun vert. Il est important de donner au cheval un
foin de bonne qualité : un foin de mauvaise qualité peut avoir une
faible valeur nutritionnelle ou présenter un taux élevé de spores de
champignons pouvant entraîné des troubles respiratoires. Il faut aussi
s’assurer qu’il ne contient pas de plantes toxiques, car certaines, mêmes
séchées, peuvent être fatales (voir les plantes toxiques). ü La luzerne séchée est une bonne source de
minéraux. Elle est plus riche que le
foin des meilleures prairies. ü L’herbe sous vide, ainsi conservée, est
humide et plus tendre que le foin. Elle a une valeur nutritionnelle deux fois
supérieure à celle du foin. ü La paille est composé de tiges coupées et
séchées qui proviennent des graminées (essentiellement des céréales pour les
équidés) dont les grains ont été ôtés. Elle a une faible valeur
nutritionnelle. Mélangée à la mélasse qui lui augmente sa valeur
nutritionnelle, elle est très appréciée par de nombreux chevaux. Ø
Les concentrés. On en distingue deux
présentations : ü Les céréales : Ÿ
L'avoine est
composée de grains blancs ou noirs distribués entiers, aplatis, concassés ou
germés. Sa popularité est surtout due au fait qu’une variation brusque de la
quantité donnée n’a que peu d’effet en raison de sa faible valeur
énergétique ; mais ce n’est pas un aliment naturel pour le cheval. Ÿ
L'orge est
composée de grains jaunes et durs distribués aplatis, concassés ou détrempés.
Elle est souvent négligée, mais possède une haute valeur énergétique ;
attention car une faible variation des rations peut avoir d’importantes
conséquences. Ÿ
Le maïs est
composé de gros grains jaunes distribués entiers, concassés ou détrempés.
C’est un bon aliment, souvent utilisé par les agro-alimentaires pour offrir
un aliment qui n’excite pas le cheval. La concentration nutritionnelle est
abaissée pour apporter moins d’énergie. Ÿ
Le son n’est, en
principe, pas un aliment pour chevaux car il n’est pas bon pour la
croissance, offrant trop de phosphore et pas assez de calcium. Ÿ
Les graines de lin crues
sont toxiques mais bouillies quelques heures jusqu’à ce qu’elles éclatent,
elles sont laxatifs et donnent un poil brillant. Ÿ
Les granulés de luzerne
contiennent une grande quantité de vitamines et de minéraux (notamment
calcium et fibres). Ÿ
Les mélanges de grains sont
souvent plus attirants pour les chevaux que les granulés complets. De plus,
ils sont plus long à manger et facilite la digestion. Ÿ
La pulpe de sucre de betterave doit être
séchée et détrempée dans de l’eau froide pendant 12 heures (jusqu’à ce qu’il
n’absorbe plus d’eau) avant d’être donné au cheval. Il en est de même pour les
granulés de sucre de betterave qui gonflent au contact de l’humidité et
causeraient ainsi étranglement ou coliques. ü Les aliments complets sont élaborés
industriellement à base de produits naturels (céréales broyées) auxquels se
rajoutent, au gré du fabriquant, d'autres aliments (tourteaux de soja,
farines diverses, ...). Ils se
présentent sous différentes formes (floconnés ou en granulés) et il en existe
de nombreuses variétés qui correspondent à différents types de chevaux. |
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Compléments alimentaires, aliments
de substitution et friandises : |
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La ration, en fonction des concentrés
et des fourrages qui la composent, sera complétée par l'apport de sels
minéraux et de vitamines : ü Une pierre de sel à lécher est la meilleure
façon de fournir au cheval le sel qui lui est nécessaire. En effet, lorsque
le cheval transpire, il perd des minéraux, d’où l’émulsion mousseuse avec le
frottement du harnachement (la concentration de minéraux dans la
transpiration est supérieure à celle contenue dans le sang). ü L’huile de foie de morue est une
riche source de vitamine. Mélangée avec les aliments, elle améliore la
qualité du poil. ü La mélasse est utilisée comme agent de
liaison pour la nourriture sèche ou en poudre. Elle peut être mélangée à des
médicaments et ainsi être mis directement dans la bouche du cheval. ü L’huile de maïs est une source d’énergie. Elle
peut compléter le régime d’un cheval de compétition. Ø
Et partiellement de friandises : ü Les
carottes et les pommes sont les friandises les plus saines pour le cheval.
Même si les carottes n’ont pas une grande valeur nutritionnelle, elles sont
très riches en vitamine A, sont excellente pour la vue et ont un effet
positif chez les chevaux surmenés. Attention, ne jamais donner une pomme
entière, le cheval, s’il n’arrive pas à la croquer, risquerait de s’étouffer. De même, les carottes doivent
toujours être coupées dans le sens de la longueur (éviter les cubes, les
rondelles qui pourraient se coincer dans la gorge). ü Enfin,
betteraves, pain sec, farine à grains moulus, son, pommes de terres cuites
peuvent être donnés au cheval en guise d’aliments de substitution, mais
attention à leur faible valeur énergétique. Ø
Il faut toujours penser à équilibrer
l’alimentation du cheval par rapport à son âge, à sa taille et à son activité : les besoins d’un
cheval de club ne sera pas les mêmes que celui d’un cheval de compétition,
d’une jument qui allaite son poulain ou d’un vieux cheval en retraite. Il ne
faut pour autant pas penser qu’un cheval à la retraite doit avoir une
alimentation pauvre (il faut qu’il reste en forme) ou que le jeune cheval
devrait avoir une ration diminuée (il doit grandir). Chaque cheval a donc des
besoins spécifiques. L’emploi d’aliments complémentaires permet d’éviter
la suralimentation (pouvant provoquer fourbure, coliques, obésité...) et
de répondre à des besoins spécifiques. Voici quelques exemples : ü Une
jument en phase de gestation ou allaitant, a besoin d’un apport de protéines
accru. Si elle ne reçoit pas une alimentation adaptée, elle risque de maigrir
et de se déminéraliser. ü Un
jeune poulain en pleine croissance, pour se construire une solide charpente,
ou un cheval de compétition qui transpire abondamment, a besoin d’un apport
important de minéraux, de vitamines ü Un
cheval vivant au pré ou qui a tendance à se déferrer, a besoin d’un apport de
biotine, qui améliore la qualité de la corne des sabots. Ø
L’important est de choisir des formules adaptées
aux situations, avec l’aide d’un vétérinaire. |
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L'eau,
l’élément indispensable à la vie : |
Ø
Le cheval est constitué de 280 litres d’eau, soit
60 à 70% de son poids ! ü Ces litres d’eau sont stockés dans des milliards d’alvéoles, les cellules,
et circulent entre ces dernières. Ainsi, l’eau véhiculent jusqu’à la cellule
les éléments nutritifs dont elle a besoin pour vivre, et élimine les déchets
produits par la cellule. ü L’eau qui constitue la partie liquide du sang, voyage
dans les vaisseaux sanguins : elle apporte, par les artères, l’oxygène
indispensable au cheval, et par les veines, elle ramène le gaz carbonique
jusqu’aux poumons, et les déchets (l’urée) jusqu’aux reins. ü Pour que le système puisse fonctionner tout au long de la journée, il faut
que l’élimination des déchets se fasse au fur et à mesure. Les reins filtrent
les déchets et l’eau ainsi épurée pourra être conservée dans l’organisme, et
réutilisée, ce qui permet au cheval de ne pas avoir besoin de boire en
continu. ü L’eau qui constitue l’urine passe par
les uretères avant de permettre aux déchets d’être stockés dans la vessie,
puis d’être éliminés par l’urètre. Ø
Un cheval perd environ huit à dix litres d’eau
par vingt-quatre heures lorsqu’il urine, et six litres d’eau par jour
due à la transpiration dans des conditions de travail normal. Ø
Un cheval a besoin de produire entre trente-cinq
à quarante litres de salive par jour : les aliments secs comme le foin ou les
granulés nécessitent une longue mastication et doivent être complètement
imbibés de salive pour que le cheval puisse avaler. Ø
Un cheval doit donc boit beaucoup : environ vingt à
cinquante litres par jour (jusqu’à soixante-dix en cas de canicules), selon
son activité, sa transpiration, sa taille, la
température extérieure et ses besoins personnels (une jument qui allaite
a besoin de beaucoup d’eau pour assurer le lait par exemple). S'il est
abreuvé au seau, il faut lui en donner suffisamment et fréquemment. L’herbe
contient plus de 80% d’eau, c’est pourquoi les chevaux boivent plus l’hiver
lorsqu’ils sont nourris au foin (10% d’eau), que l’été au pré. Ø
Un cheval peut facilement se déshydrater si l’abreuvement est
insuffisant lorsqu’il fournit un travail dur et transpire énormément ou
lorsqu’il a la diarrhée. En effet, au cours d’un effort intense de quelques
minutes, il peut perdre jusqu’à trente kilogrammes. De plus, les pertes
minérales dues à la transpiration provoquent une baisse de la concentration
sanguine, ce qui ne permet pas de déclencher le réflexe de la soif
(que lorsque la concentration sanguine est élevée). Pour ne pas qu’il souffre
de déshydratation, il suffit de lui donner des aliments riches en eau, comme
des carottes, ou plus simplement de l’herbe fraîche, car l’eau
intracellulaire des végétaux est la meilleure qui soit.
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