les tumeurs de la peau

 

 

 

Les cancers cutanés du cheval sont les néoplasmes les plus répandus dans cette espèce. Même s’ils sont largement dominés par les sarcoïdes, ils n’en sont pas moins variés. Dans ces conditions, des prélèvements pour examen microscopique sont toujours nécessaires afin de donner un pronostic, un diagnostic de certitude et d’orienter vers les meilleurs traitements aujourd’hui existants.

Si les vétérinaires reconnaissent du premier coup d’œil des cancers de la peau tout à fait caractéristiques, l’analyse demeure nécessaire pour juger de l’agressivité de la tumeur. Les progrès de la médecine permettent désormais de guérir certains de ces cancers par des méthodes variées, mais la taille même du patient rend difficile l’utilisation de protocoles de chimiothérapie, en raison du coup total parfois inabordable.

 

 

Les carcinomes épidermoïdes :

Les carcinomes épidermoïdes (CE), aussi appelés épithéliomas spinocellulaires sont les tumeurs cutanées les plus fréquentes après les sarcoïdes. Ces tumeurs frappent plus particulièrement certaines régions du corps telles que l’œil et ses annexes, ainsi que l’appareil génital externe du mâle. 40 à 50% de ces CE atteignent l’œil, mais les localisations sont parfois multiples. Beaucoup plus rarement, on a décrit des localisations au niveau du sabot : ce cancer doit être suspecté face à des abcès du pied récidivants, ne répondant pas aux traitements classiques. Comme chez l’homme, les CE du cheval surviennent également plus volontiers sur le site de brûlures anciennes ou de plaies ayant mal cicatrisé. Par ailleurs, les zones dépigmentées sont les sites privilégiés de localisation de CE.

La plupart des cas surviennent entre 8 et 15 ans, mais ils peuvent aussi survenir chez des chevaux plus jeunes et plus âgés.

Ces tumeurs ont essentiellement une malignité locale : cela signifie qu’elles ont peu tendance à métastaser à distance. Quand elles métastasent, elles le font dans les ganglions satellites de la lésion, très rarement dans le poumon. Le cheval, généralement, ne se gratte pas sauf en cas de surinfection ou de maladie parasitaire concomitante.

Au début, le risque est grand de confondre ces lésions avec une plaie ayant du mal à cicatriser. Elles prennent des apparences diverses : en forme de chou-fleur (à ne pas confondre avec les verrues), ou sous l’aspect de cratères aux bords irréguliers. Seule l’histopathologie permettra un diagnostic de certitude.

 

Carcinome épidermoïde de la 3ème paupière

 

 

Les mastocytomes :

Les mastocytomes correspondent à une prolifération néoplasique de cellules appelées mastocytes, qui participent notamment aux phénomènes allergiques : ce sont ces cellules qui sécrètent l’histamine, responsables en grande partie des manifestations générales de l’allergie.

Elles sont heureusement très rares chez le cheval.

La classification des mastocytomes équins reconnaît 3 grands groupes :

 

La mastocytose cutanée nodulaire est la plus fréquente. Elle se reconnaît par la présence d’un nodule solitaire, mesurant 0,5 à 20 cm de diamètre, croissant très lentement. Ces tumeurs ne métastasent pas et se rencontrent chez les chevaux dont l’âge moyen est de 7 ans. Les mâles sont beaucoup plus souvent atteints que les femelles. La plupart des lésions apparaissent sur la tête bien que les localisations au tronc et aux membres soient décrites (tout spécialement au niveau du carpe).

 

La mastocytose cutanée maligne : quelques cas de présentation au début identique aux proliférations précédentes ont été décrits. Cette forme est rarissime. Les lésions sont douloureuses, le cheval se gratte, boite sévèrement en cas d’atteinte d’un membre. Il présente dans son sang de grandes quantités de cellules spécifiques appelées granulocytes éosinophiles.

 

La mastocytose cutanée congénitale : très rare également, elle survient habituellement dès la naissance, le foal est porteur de nodules multiples qui se localisent particulièrement au niveau du tronc et de la face externe des membres postérieurs. Ces nodules sont fluctuants : ils apparaissent puis disparaissent.

 

 

Les verrues et les plaques auriculaires :

La papillomatose virale équine est, comme son nom l’indique, due à un virus de la famille des papillomavirus. Elle provoque chez le cheval diverses formes de lésions : les verrues et les plaques auriculaires. Il est possible que certaines lésions proches n’aient pas d’origine virale, mais la présence du virus est attestée dans la grande majorité des cas. Ces tumeurs sont bénignes, prolifératives, elles ne s’attaquent qu’à la couche la plus externe de la peau, l’épiderme.

Ces papillomes frappent indistinctement les 2 sexes et toutes les races, mais plus volontiers les chevaux jeunes, entre 1 et 3 ans, les plaques auriculaires étant quant à elles, l’apanage des chevaux très jeunes de moins d’1 an.

Les facteurs favorisants :

Les abrasions cutanées même très légères, survenant chez les chevaux pâturant un pré aux végétaux très ligneux, quelque peu irritants, subissant des morsures d’insectes. La transmission est possible par le matériel de pansage de même que lors de la saillie.

 

Après infection, on note une période d’incubation de 2 mois ou plus. Des lésions multiples apparaissent alors avec des lieux de prédilections dont les naseaux et la commissure des lèvres. Plus rarement, les verrues se localisent à la tête, au cou, aux membres et à l’appareil génital.

 

La plupart des chevaux ne sont pas gênés par ces papillomes, mais il arrive qu’ils soient blessés par le harnachement ou le mors. Dans ce cas, les lésions peuvent se surinfecter.

Les plaques auriculaires quant à elles, ne régressent pas spontanément. Mieux vaut ne rien faire dans ce cas si l’animal n’est pas gêné. Tout au plus faudra-t-il protéger le cheval l’été contre les insectes qui piquent au niveau des oreilles.

 

                                  

     Plaques auriculaires                                              Verrues

 

 

Le lymphosarcome cutané :

Le lymphosarcome cutané est une tumeur primitive qui affecte les cellules de la lignée lymphoïdes (sortes de globules blancs) appelés lymphocytes. Si le lymphosarcome (atteignant les autres organes ou le sang) est la tumeur la plus répandue chez le cheval, le lymphosarcome cutané est plus rare. Elle frappe en général des chevaux de 4 à 9 ans et se caractérise par le développement progressif d’un ou plusieurs nodules non douloureux, bien circonscrits.

Symptômes :

Dans les cas fulminants, une progression très rapide des lésions qui ont tendance à se nécroser. Les lésions peuvent être de petites tailles, puis coalescentes, elles se localisent sur l’ensemble du corps (prédilection pour les épaules, le périnée, la région axillaire, le tronc...) certains chevaux semblent développer une immunité et présentent une rémission partielle ou totale. Le pronostic est généralement mauvais, non en raison des lésions de la peau, mais par la coexistence très fréquente d’autres sites de développement tumoraux.

Variante de ce cancer souvent redoutable : Mycosis fungoïdes :

La peau subit une infiltration tumorale diffuse, le cheval perd ses poils, se gratte et présente un eczéma généralisé, alors que dans le cas précédent, les lésions sont bien localisées.

 

 

Les mélanomes :

Les mélanomes sont des tumeurs qui affectent des cellules appelées mélanocytes : ce sont elles qui produisent la mélanine, responsable de la dépigmentation de la peau. Pour cette raison, ces tumeurs sont généralement de couleur noire. Il arrive cependant qu’elles soient de couleur claire : on parle alors de mélanome achromique.

D’une manière générale, les mélanomes frappent essentiellement les chevaux de robes grises ou blanches. Ces tumeurs sont généralement bénignes, mais elles conservent toutefois une malignité imprévisible. Elles sont d’aspects variables : parfois pédonculées, ou d’aspect verruqueux ou encore nodulaire. Leurs localisations de prédilections sont : la face interne de la queue, le périnée, l’appareil génital externe, les glandes salivaires parotides, les membres, le cou, les oreilles, les paupières, plus rarement les organes internes.

Les petites tumeurs n’ont en général aucune incidence sur la santé, mais les proliférations plus volumineuses peuvent gêner la défécation, ou la miction. La plupart des tumeurs demeurent bénignes, la transformation maligne survenant sans que l’on sache pourquoi.

Le cheval atteint présente des excroissances plates, fermes au toucher, généralement non ulcérées, parfois coalescentes. La peau qui recouvre la tumeur est habituellement hyperpigmentée, mais pas toujours, le diamètre de la tumeur varie de 1 à 20 cm.

 

 

Les sarcoïdes :

De toutes les tumeurs équines, les sarcoïdes sont les plus fréquentes et probablement les plus ennuyeuses.

Ces tumeurs sont malignes mais ne métastasent pas. Elles sont en revanche très gênantes quand elles se localisent à un endroit en contact avec le harnachement. Les sites du corps les plus fréquemment touchés sont la tête (au niveau des oreilles), l’abdomen ventral et les membres.

Grâce à leur aspect extérieur, on classe les sarcoïdes en "verruqueux", "fibroblastiques", "mixtes verruqueux et fibroblastiques", et "plats".

                  

Sarcoïde nodulaire                                     Sarcoïdes mixtes

 

 

 

Retour Santé