Le système
lymphatique est un réseau de drainage qui véhicule la lymphe à travers
l’organisme. Ces vaisseaux lymphatiques sont présents dans
l’ensemble du corps, à l’exception du système nerveux central et de quelques
organes. Les nœuds lymphatiques aussi appelés ganglions sont des renflements
ovoïdes s’échelonnant sur le trajet des vaisseaux lymphatiques. Ces derniers
ont pour fonction de drainer les liquides interstitiels vers la circulation
sanguine. Quant aux ganglions, ils jouent le rôle de « filtre » en
éliminant les éléments anormaux (bactérie, parasites…) qui leur parviennent en
passant par la lymphe.
On parle de
lymphangite quand il y a inflammation des vaisseaux lymphatiques.
Ces inflammations sont
relativement courantes chez le cheval. Elles revêtent une certaine importance
dans la mesure où certaines d’entre elles entrent dans la catégorie des
maladies légalement réputées contagieuses.
Du
traumatisme au " poteau " :
Comme dans bien d’autres
affections équines, la cause traumatique est la plus fréquente en matière de
lymphangites. La lymphangite traumatique est due à la pénétration dans le
réseau lymphatique, de germes banals tels que les
staphylocoques ou les
streptocoques.
Ces affections sont
divisées en plusieurs variantes : lymphangite aiguë simple (présence de
vaisseaux superficiels nets, un peu distendus. Les ganglions sont peu
hypertrophiés : c’est une réaction quasi physiologique à la pénétration de
germes qui se résout en général spontanément), lymphangite aiguë purulente
(qu’à la suite de plaies plus étendues ou plus souillées. Les ganglions sont
nettement hypertrophiés, les lymphatiques sont distendus, tortueux, douloureux.
Quand la plaie siège au niveau d’un membre, on peut observer un engorgement ou
" poteau "), lymphangite abcédée (des abcès apparaissent le
long des cordons lymphatiques. Ils peuvent se rompre et laisser s’échapper un
pus épais) et lymphangite chronique (la peau s’épaissit, se sclérose, des petits
nodules durs apparaissent dans les tissus voisins. Le membre augment de volume
" éléphantiasis ").
Ces
lymphangites provoquent des signes généraux : fièvre, anorexie (perte
d’appétit), apathie et boiteries intenses.
La fréquence de ces
affections au niveau des membres s’explique par la vulnérabilité de ceux-ci aux
blessures. Elles sont plus fréquentes en hiver quand les chevaux sont à
l’écurie. Des différences raciales sont notées : ainsi, les chevaux lourds ont
tendance à faire des lymphangites chroniques alors que les chevaux de sang
fonctionnent sur le mode aigu.
Certains auteurs
soulignent l’intervention d’un facteur favorisant, une période d’inactivité
après un effort violent. Les américains ont donné le nom de "Monday morning disease" (maladie du lundi
matin) aux lymphangites simples.
Notons que la
pose de bande réduit considérablement le risque d’apparition de cette
affection.
Pas chez
nous mais redoutable :
Une autre
forme de lymphangite, due à un champignon, c’est la lymphangite épizootique. Chronique, elle se traduit par la formation de
cordes lymphatiques superficielles, des abcès, des adénites (inflammations des
ganglions) parfois abcédées. On l’a longtemps confondue avec la morve ou "
vrai farcin " car elle en est cliniquement assez proche. Les
parasitologues la nomment plus volontiers histoplasmose car elle est due à un
parasite appelé histoplasma.
Cette maladie n’existe plus en Europe occidentale depuis 1940. En revanche,
elle est encore bien présente en Europe de l’est, en Asie et en Afrique. Le
législateur, en France, a donc pris toutes les dispositions nécessaires pour
faire face à une éventuelle apparition de la maladie.
L’incubation de la
lymphangite épizootique est longue (plusieurs semaines), la maladie se
développant ici encore à la faveur d’une effraction cutanée (mais la lésion a
souvent cicatrisé avant l'apparition de la maladie). Des nodules
(" boutons ") se développent dans la peau, isolément ou en
chaîne. Ces nodules s’ouvrent pour laisser échapper un pus épais, jaune,
crémeux. Ils se transforment alors en ulcères qui cicatrisent mal. Les
vaisseaux lymphatiques s’enflamment et forment des traînées sinueuses. Les
ganglions s’hypertrophient pour atteindre la taille d’un œuf. Ils s’abcèdent
fréquemment. On note par ailleurs des engorgements des membres.
Il est très difficile de
se débarrasser de ce germe qui passe très facilement d'un cheval à l'autre en
présence de petites excoriations. Les insectes semblent également capables de
le transmettre.
Des causes
plus rares (lymphangite ulcéreuse et la sporotrichose):
La
lymphangite ulcéreuse est une maladie chronique très proche de la morve, mais
due à une ou des bactéries, l'une d'entre elles, corynebacterium pseudotuberculosis semblant jouer un rôle majeur. Cette affection très fréquente au début du siècle,
ne se rencontre plus que sporadiquement en Europe mais est assez répandue en
Afrique. La maladie s'installe sur les parties distales des membres
postérieurs, très rarement au niveau des antérieurs. On observe un engorgement
diffus, le germe entrant ici encore à la faveur d'une lésion. Des petits
nodules apparaissent, ils ulcèrent et s'abcèdent. La jambe présente le plus
souvent en face interne une traînée inflammatoire et œdémateuse. Les ganglions
satellites, dans cette maladie, ne sont jamais atteints, ce qui permet de la
distinguer des autres lymphangites. Toutefois, des localisations viscérales
peuvent apparaître.
La sporotrichose,
absente de nos contrées, est une maladie commune à l'homme et au cheval, due à
un champignon appelé sporotrichum schenkii,
qui sévit principalement en Amérique du sud et en Afrique.